Manon Corbin

Manon Corbin

Professeur agrégé de SVT depuis septembre 2000, j'ai enseigné au lycée jusqu'en 2010. Actuellement en reprise d'études pour obtenir un Master de Communication Scientifique à l'Université de Strasbourg. Stagiaire aux Dernières Nouvelles d'Alsace.

Depuis la découverte du premier Hominidé fossile en Tanzanie en 1913, la quête de nos origines pousse les chercheurs du monde entier vers l'Afrique. L'exploitation de son patrimoine riche en archives paléontologiques permet de mieux comprendre l'histoire de l'Homme. Les échantillons collectés enrichissent les musées occidentaux et ceux, plus récents, des capitales africaines. Mais quels bénéfices pour les habitants des régions reculées où s'installent les chantiers de fouilles ? Mondialement connue pour la découverte de « l'ancêtre du millénaire » Orrorin tugenensis en 2000, Brigitte Senut encourage les chercheurs à s'investir dans la médiation scientifique auprès des populations locales.

Mercredi, 26 Octobre 2011 09:43

Édito - Consensus Scientifique

Les médias, les musées, les publicités, les campagnes d'information... tous veulent l'attirer, le séduire, le sensibiliser, le toucher, le convaincre voire le reconquérir, le grand public.

Le scepticisme fait partie intégrante de la démarche scientifique. Il arrive cependant que des consensus soient remis en question par d'éminents scientifiques explorant de nouveaux domaines et utilisant leur notoriété pour convaincre un public de novices. L'immense majorité de la population n'a pas les connaissances suffisantes pour distinguer l'honnête remise en question de l'éventuelle imposture contestataire. Quels éléments du discours des contradicteurs permettent de convaincre le public non averti ? Comment la polémique peut-elle être perçue comme une controverse scientifique ? Il ne s'agit pas ici de discuter des arguments mis en jeu, mais d'analyser la manière dont ils sont utilisés. Constater que la même rhétorique est employée par les contestataires, quel que soit le sujet concerné, permet d'aiguiser le regard critique sur le traitement médiatique des sciences. Ces analyses ne font qu'accroître la conviction qu'une éducation aux médias s'avère indispensable pour ne pas se perdre dans le brouillard des polémiques scientifiques.

Sans faire d'amalgame, ni entre les créationnistes et les climato-sceptiques, ni entre les scientifiques contestataires et ceux qui les utilisent à des fins politiques ou religieuses, quelques pistes pour y voir plus clair dans les polémiques scientifiques. Dans le cas de la polémique sur le climat, un certain nombre de ces stratégies de manipulation des masses sont appliquées par les plus militants des climato-convaincus eux-mêmes, contribuant ainsi à décrédibiliser le consensus scientifique et entretenant la confusion générale.

Précurseurs, les étudiants en zoologie de Pierre-Paul Grassé ont inventé un ordre fictif de Mammifères, les Rhinogrades, décrits avec précision dans un livre paru en 1962 et toujours édité.

Compagnie théâtrale éclectique et novatrice, Inédit théâtre s'investit depuis 2003 dans le théâtre-débat en lien avec les sciences. « Laboratoire d'idées et espace de création sans limites », comme elle se définit elle-même, la compagnie tient à rester ouverte à toutes les disciplines et concrétise ainsi sa vision du rôle de l'artiste dans la cité. Marko Mayerl, comédien, fondateur et directeur artistique d'Inédit théâtre a expliqué au Grand Public la démarche de conception d'une saynète de théâtre-débat scientifique. La rencontre fut aussi l'occasion de discuter des réactions des spectateurs, ainsi que de l'utilité et des limites du concept.

Photographies d’adolescents à caractère pornographique de Larry Clark, clichés de corps humains en décomposition de Sally Mann, ou utilisation d’excréments comme matière première des œuvres provocatrices de Piero Manzoni : il n’est pas rare de constater que les tabous sont exploités dans les expositions artistiques… mais qu’en est-il des expositions scientifiques ? Les musées de sciences brisent certains tabous avec le double objectif de désacraliser un sujet et d’attirer le public. On ne peut pas en dire autant des expositions de cadavres telles « Our body » qui, sous couvert de science et de pédagogie, utilisent les tabous à des fins purement mercantiles.

Il y aurait en France une désaffection des jeunes pour les filières scientifiques. Pour remédier à cette future pénurie de chercheurs, les initiatives pleuvent : fêtes de la science, rencontres avec des scientifiques, mais aussi tentatives variées et plus ou moins réussies de vulgarisation humoristique. Parmi celles-ci, les ouvrages du journaliste Edouard Launet (Au fond du labo à gauche, Editions du Seuil, 2004) s’inspirent délibérément de l’initiative de l’américain Marc Abrahams, à l’origine des prix Ig-Nobel (jeu de mots avec Nobel et ignoble) récompensant « les recherches ne pouvant pas ou ne devant pas être reproduites ».

Vous pouvez faire l’expérience vous-mêmes : tapez « humour scientifique » dans un moteur de recherche, les premières pages de résultats vous mèneront exclusivement à des sites ou forums consacrés aux blagues scientifiques.