
Caroline Faltot
Diplômée d'une licence de Sciences du Vivant, parcours Biologie Cellulaire et Physiologie, je suis actuellement étudiante en Master 2 de Communication Scientifique à l'Université de Strasbourg
"Les archives ouvertes, un formidable entrepôt d'informations"
Rencontre avec Gabriel Gallezot, Maître de Conférences en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Nice Sophia Antipolis.
La couleur au fil du temps
La Couleur au fil du temps
L’importance de la couleur pour l’illustration scientifique était au cœur de la journée d’étude proposée par le Haute École des Arts du Rhin le 21 novembre dernier. L’image naturaliste qui sera peut-être un des versants du futur métier des étudiants présents dans la salle a été particulièrement mise à l’honneur.
Les étudiants des Arts décoratifs arrivent au compte-goutte dans la pièce où se tient la conférence « Les naturalistes et les codes couleurs ». Une cinquantaine de personnes sera présente pour en apprendre plus sur les nuances de teintes, qui feront partie intégrante de leur métier. La conférencière Valérie Chansigaud, très concentrée, se met en place.
« La nature est en couleur, il est logique que les naturalistes veuillent la représenter telle quelle » souligne la chercheuse. Cette naturaliste et historienne des sciences explique comment la création de codes couleur et la conception de nuanciers a eu une grande importance pour les scientifiques.C’est lors du voyage de Cook en 1768 qu’un naturaliste va pour la première fois créer cet outil. Il permet de référencer des teintes qui se retrouvent dans la nature, ce qui facilite les échanges entre chercheurs de même discipline.
Des étudiants, leurs ordinateurs sur les genoux, s’amusent à colorer leurs dernières créations à l’aide d’un logiciel de graphisme, tout en chuchotant. Ils ont à faire face aux mêmes difficultés de choix des couleurs que leurs prédécesseurs du XVIIIe.
La fidélité des teintes est plus contestée depuis l’utilisation du numérique. Les écrans et les imprimantes ne les reproduisent pas de la même manière. « Il est quasiment impossible d’avoir une fiabilité fine » explique la conférencière. Le numérique a d’ailleurs produit quelques aberrations : dans les années 2000, la tendance était à la création de son propre code couleur. Rien de plus facile avec un logiciel que de créer son nuancier. L'universalisation devient inenvisageable.
La transmission grâce au vidéoprojecteur de planches colorées et de nuanciers d’antan suscite des interrogations de la part de la conférencière dont celle de la fidélité à l’écran. Ces dessins de textures, nuances et effets différents s'exposent au public telle une bibliothèque de teintes. L'intérêt des nuanciers est controversé, leur universalité aussi. Aucun n’a vraiment fait l’unanimité pour les scientifiques.
Celui de Ridway, un ornithologue et illustrateur américain du début du siècle contient plus de 1100 couleurs. Son auteur a « réalisé une sorte de nomenclature qui permet de s’y retrouver dans la jungle des teintes » relate Valérie Chansigaud. De nos jours, l’un des grands codes modernes est celui édité par la société d’horticulture de Grande-Bretagne. Cependant, il n’est pas devenu totalement universel.
La couleur est-elle indispensable ?
Tous les scientifiques n’avaient pas besoin de couleurs dans leurs illustrations. Ce sont surtout les botanistes, horticulteurs, minéralogistes ou naturalistes qui les utilisaient. La « société des chrysanthémistes » est même allée jusqu’à créer son propre nuancier au début du XXe siècle. Il était utilisé pour distinguer des plantes morphologiquement identiques, mais de couleurs différentes.« Aujourd’hui, la génétique change totalement le besoin d’avoir des nuanciers. » ajoute-t-elle. En effet, si une espèce a un intérêt, on fait systématiquement sa carte génétique qui sera plus précise. Le numérique et la science remettent donc en question l’usage et le principe même de l’utilisation des nuanciers.
La couleur a été finalement très peu utilisée pour le dessin scientifique. « Ce qui est étonnant c’est que la création de nuanciers a suscité une activité considérable mais l’usage en est réduit » explique la conférencière. La monochromie est parfois suffisante ou alors seules les parties significatives sont teintées. Quelques irréductibles continuent de nos jours à prôner l’illustration colorée comme la Société Française d’Illustration Botanique. Le dessin polychromatique a encore quelques beaux jours devant lui.
Après cette conclusion quelque peu rassurante pour les futurs professionnels de l’image, la conférencière propose un moment de questions. Quelques membres de l’assistance, dont des professeurs présents dans la salle n’hésitent pas partager leur sentiment face à l’utilisation de plus en plus répandue du numérique.
Les Académies des Sciences : une communauté internationale?
Les Académies des Sciences se rencontrent régulièrement entre elles pour échanger, débattre et établir des recommandations qui seront transmises aux gouvernements. Elles tendent de plus en plus à coopérer entre elles à l’échelle internationale et à mener des projets ensemble. Un de leur objectif est de promouvoir la science de leur pays et partager les connaissances et recherches en cours.
Les Académies des sciences sont composées des plus éminents chercheurs et se réunissent pour conduire des projets entre pays. Qu’elles agissent au niveau national ou mondial, elles visent également le partage des connaissances scientifiques. Notamment, elles collaborent pour répondre à des problématiques d’actualité et conseiller le pouvoir en place.
L’Académie française au-delà des frontières
L’Académie des sciences française s’attache à l’explication et au partage de savoirs scientifiques avec la société depuis sa création en 1666. Elle ouvre au grand public ses séances de discussion et publie plusieurs revues en français.
La langue anglaise est de plus en plus utilisée pour les parutions de l’institution. Ce choix a d’ailleurs suscité une polémique. L’Académie des Sciences a élargie ses comités de rédaction à des membres et « experts de grande notoriété pour examiner les propositions d’articles qui lui sont soumis » a répondu le Ministère de la Culture et de la Communication à l’ancien sénateur Jean-Marie Branger. Celui-ci avait soulevé le problème dans une question au Sénat. Les activités avec l’international sont en effet de plus en plus fréquentes et diverses. La nécessité d’une langue commune pour tous les pays participants a naturellement débouché sur l’usage de l’anglais.
De nombreux colloques et réunions entre différents pays se tiennent régulièrement au sein d’une Académie « hôte ». La déclaration commune des Académies représentantes des pays du G8 qui vise à conseiller les états en matière de santé, éducation et développement mondial en science en est un bon exemple. Ces suggestions ne sont pas sans utilité puisque le président français alors actif s’engageait à « apporter la plus grande attention aux conclusions et aux recommandations » formulées par les académies des sciences.
Des rencontres toujours plus innovantes
Les partenariats sont aussi concrets. Les Académies des Sciences françaises et chinoises ont créé ensemble un portail communautaire « Aurore » ayant pour but la collaboration scientifique entre les deux pays. Les frontières sont ici brisées pour favoriser la communication et le partage. Bien que 8000 km séparent les deux capitales, un projet tangible est mis en place et regroupe déjà près de 900 participants parmi les universités françaises et chinoises. Cette base de données interactive incite les chercheurs s’y inscrivant à prendre contact entre eux et à mettre en place des groupes de travail. Un des buts ultimes de cette plateforme serait de devenir une vitrine en matière de recherches entre les deux pays.
Les Académies prônent aussi l’entraide et leur développement dans des pays qui n’ont pas encore leur propre institution. La France a récemment aidé l’Algérie à créer sa propre Académie des sciences et des technologies. Un beau projet mené à bien ! Ses alliances sont donc bénéfiques pour les scientifiques de tous pays qui peuvent alors voyager, étudier et collaborer ensemble tout en gardant leur identité.
Hans Rosling ou la renaissance des statistiques
Des données qui s’animent, une médiation enjouée : tels sont les maîtres mots de la fondation suédoise Gapminder. A l’aide de cartographies statistiques et de graphiques dynamiques, ils apportent un certain renouveau à l’usage des images en science.
Edito
L’affaire Bohannon a provoqué quelques remous dans le monde de l’open access. Ce journaliste de la revue Science a en effet envoyé à différents journaux un article scientifique comportant des erreurs facilement détectables. Son but : reperer les journaux « prédateurs » qui publient n'importe quel article pour gagner de l’argent. Il a réussi puisqu’après 304 demandes, 150 d’entre eux ont accepté de l’éditer. Le monde de l'édition scientifique n'est exempte ni de corruption, ni de pression financière et joue comme le reste du secteur avec le strass et les paillettes.
Les archives ouvertes, ces initiatives de partage de la connaissance au niveau mondial semblaient une solution. Elles sont faciles d’accès, sans contraintes, existantes aux quatre coins de la planète et pour certaines gratuites. Toutefois, la pression des gros éditeurs se fait sentir. Certains sont très puissants et empêchent les chercheurs de publier leurs travaux sur les plateformes libres ou seulement après un temps. Est-il imaginable de se passer d’eux et basculer vers un modèle où l’open access serait dominant ?
La médiation scientifique est-elle vouée à n'être qu'un produit marchant comme un autre ? Les organismes tels la Fondation de l’Université de Strasbourg ou encore le Téléthon utilisent différentes méthodes de médiation qui seront étudiées dans ce dossier. Nous tenterons de comprendre quelles sont les stratégies qui fonctionnent pour attirer les donateurs et s’il est vraiment utile de leur parler de science.
CCSTI : mode d’emploi
Les CCSTI peuvent prendre différentes formes et n'ont pas les mêmes stratégies pour se faire connaître et fonctionner. Certaines se poseront en tête de réseau et d'autres préféreront des lieux d'exposition fixes.
« Tous Cobayes » relance le débat OGM
Dans « Tous Cobayes », paru chez Flammarion le 26 septembre dernier, le désormais célèbre Gilles-Eric Séralini, Professeur de biologie moléculaire à l’Université de Caen, nous éclaire sur les pratiques des géants de l’industrie. Auteur de différents ouvrages aux titres évocateurs comme « Ces OGM qui changent le monde » ou « Génétiquement incorrect », Séralini est toujours dans la dénonciation avec son dernier livre. Celui-ci ouvre sur un constat alarmant : « les tueurs en série les plus sournois et les plus impitoyables se prélassent sans être inquiétés dans nos aliments, dans nos boissons, nos maisons… ». L’auteur fait ensuite visiter son laboratoire et partage les conclusions des expériences qu’il a mené pendant 2 ans. Son étude a porté sur les rats et la nocivité potentielle du Roundup et des semences de maïs OGM, distribuées par Monsanto.
A partir de ses résultats et ceux de ses collègues, l’auteur veut prouver au public que les médias ne sont pas toujours en mesure de les informer. Les grands groupes industriels exercent des pressions sur les chercheurs pour empêcher la divulgation de leurs secrets. " La censure du débat scientifique passe par un éventail de pratiques bien rodées ». Ce livre relance ainsi le débat sur les OGM mais surtout sur le manque de transparence des scientifiques dans ces études et l’invulnérabilité des grands groupes. A découvrir.