Sarah Otmani

Sarah Otmani

Docteur en Neurosciences, suit une formation en communication scientifique. Possède un fort attrait pour le vivant et la médecine. S'intéresse également au lien entre sciences et société. 

Vendredi, 16 Novembre 2012 00:00

L’utile apprentissage de l'abstraction

Rencontre avec Dimitri Breiner, jeune professeur en mathématiques, depuis 1 ans, au collège Joséphine Baker à Saint-Ouen en classes de 5 et 3ièmes.

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2012 était l'année du centenaire de la disparition d'Henri Poincarré, mathématicien et vulgarisateur, avec une série de manifestations. La rédaction de LGP n'a pas voulu manquer cet évènement car les vulgarisateurs des mathématiques se font rares de nos jours. L'organisation des premières journées « popularisation des mathématiques » les 15 et 16 mai derniers était bien le signe qu'elle ne va pas de soi.

Les mathématiques sont perçues comme une discipline élitiste, rébarbative et sans fantaisie, voir sans grande utilité dans la vie quotidienne. Des efforts sont menés pour briser ces préjugés et redonner goût à cette matière : conférences, ouvrages, sites internet, etc. Les mathématiciens, à l'instar de Cédric Villani, investissent même les médias pour changer la perception de la population sur les mathématiques.

Mais les médias, eux-mêmes, ont, comme le grand public, des a priori sur cette science et sur ce qui est compréhensible. Il s'agit souvent de mentionner le terme sacré plus que de transmettre des notions. Les pédagogues suggèrent également de revoir complètement l'enseignement pour redonner du sens aux chiffres et concepts. Et, face à la désertification des amphithéâtres de mathématiques, la question fait débat.

Alors, comment rendre aux mathématiques, que leurs concepteurs jugent génératrices de beauté et d'harmonie, une digne place dans les dispositifs de médiation ?

Ailleurs Bonnaf

Comment faire de l’audience sous couvert de médiation scientifique ? C’est le challenge réalisé par l’émission dite de télé-réalité “Live Drugs: The Ecstasy Trial”, les 26 et 27 septembre derniers sur la chaîne anglaise Channel 4. Contrairement à ce que son titre présageait, seul le débat en plateau bénéficiait du direct. Cette inexactitude a permis de faire le buzz. L’expérience s’est déroulée, en réalité, sur plusieurs mois dans un centre de recherche londonien.

Objectif officiel : suivre les effets de l’ecstasy sur le cerveau et notamment ses vertus thérapeutiques grâce aux techniques d’imagerie et aux tests cognitifs. Les chercheurs promettent la publication de leurs résultats.

Un casting de personnalités, une étude clinique, des chercheurs à la réputation houleuse et un équipement de pointe, tels étaient les ingrédients suivants de la recette.

Bilan : de belles animations 3D, mais beaucoup de bruit pour des expériences vécues comme fades. Le but recherché en terme d’audience a sans doute été atteint, mais quid des connaissances nouvelles ? Les commentaires vont bon train sur le site de l’émission. Faire réagir le public a sans doute été un de ses seul mérite. Rappelons que l’ecstasy reste très consommée et que son statut pénal fait actuellement l’objet d’un débat en Angleterre...

Le battage médiatique sur les OGM et le Médiator® montre combien il est difficile de se faire un avis sur un sujet scientifique et polémique.