
Thibault Grandjean
Étudiant en communication scientifique. Ancien geek. Musicien aux heures perdues et lecteur boulimique. Les sciences et l'actu sont mes seules nourritures. Et le café aussi.
Les forums de santé, lieux d'infos ou d'intox ?
Abondante sur le web, l'information sur les médicaments n'en est pas moins ardue, et les sites de santé à destination du grand public ne font rien pour arranger les choses. Dans ce contexte, les forums révèlent un public en attente d'une plus grande information de la part des professionnels de santé.
D’URL en IRL, les Community Managers en Sciences
Très présent sur le web, le métier de Community Manager s'est imposé avec l'utilisation de masse des réseaux sociaux. Mais dans des domaines comme la science, leur rôle reste flou. Focus sur ces nouveaux médiateurs (vituels) des sciences.
Bâtir des ponts. Créer des liens. Tel sont les objectifs du Community Manager en sciences. Avec l'arrivée du Web 2.0, les forums puis les réseaux sociaux ont permis aux passionnés du monde entier de se retrouver et d'échanger. Des communautés se sont ainsi créées, et avec elles leurs médiateurs, les Community Manager. De simple statut de rassembleurs, ils sont devenus un métier créé par les entreprises privées. Ces spécialistes des réseaux sociaux ont le plus souvent pour mission de fédérer les internautes autour d'une marque ou d'un produit, mais pas que. « Il existe une très forte communauté sur Internet passionnée de sciences, explique Audrey Bardon, Community Manager chez Knowtex. Et avec elle, une demande très forte d'informations. »
Si les moyens utilisés par les Community Manager et leurs homologues des sciences sont identiques (utilisation des réseaux sociaux, recherche et diffusion de l'information, interactions avec les professionnels...), le but avoué est, lui, un peu différent. « L'objectif est surtout d'éveiller l'intérêt, de créer des liens. » Artistes, acteurs des sciences, designers, webmaster ou simples blogueurs, sur la toile, toutes ces personnes peuvent interagir et faire émerger une collaboration, une idée, un projet. Mais encore faut-il qu'elles se rencontrent. Et même sur le web, créer des liens avec des inconnus n'est pas forcément aisé pour tout le monde. « Un bon Community Manager est une personne qui sait repérer les internautes présents dans sa communauté pour organiser leur rencontre et faciliter les échanges, affirme Audrey Bardon. En fait, nous sommes des sortes de médiateurs « online » des sciences. »
Un métier chronophage
Des médiateurs aux profils particulièrement variés, et pour cause : il s'agit d'un métier en construction qui échappe encore aux stéréotypes. Mais beaucoup d'entre eux ont en commun de ne pas compter leurs heures. « On peut réellement se perdre, confirme Audrey Bardon. Être à l'affût de l'info, prendre du temps pour partager du contenu et des liens de qualité demande une implication totale. Il faut savoir gérer son temps. » Et attention au retour de bâton ! L'époque d'une communication à sens unique est révolue. Aujourd'hui, les internautes vérifient l'information et sont très critiques si une erreur s'est glissée dans la page web tweetée quelques minutes auparavant. Tous ces liens qui se créent sont-ils susceptibles de supplanter l'ancien monde, celui des colloques et des discussions autour d'une machine à café ? « Les liens IRL (In Real Life, ndr) sont toujours plus forts, c'est indéniable, relève Audrey Bardon. Mais nous avons, en tant que Community Manager, l'opportunité de créer, sur le web, des interactions qui se poursuivront peut-être dans la vie réelle. »
Edito - Sciences et médicaments : la fin d’une époque
Qu'on se le dise : au XXIème siècle, les pratiques des patients en matière de santé et de médicaments ont profondément changé. Finie la communication à sens unique de l'expert vers le profane. L'accès à Internet, les récents scandales de l'industrie pharmaceutiques sont passés par là ! Terminée aussi, l'acceptation aveugle des patients envers ces demi-dieux dotés du pouvoir de guérison. Patients, ils ne le sont d'ailleurs plus tellement. A en croire la fréquentation des sites de santé, ils tapent aujourd'hui leurs symptômes dans Google, scrutent avec méfiance les nouvelles thérapies sur la toile.
Et pendant que la société prend conscience du rôle crucial de ses lanceurs d'alertes, l'Etat promet une surveillance accrue des laboratoires. Les médecins ont parfois du mal à se faire à ces nouvelles pratiques. Ils prennent cependant leurs distances avec cette industrie qui leur procurait jusqu'alors leurs principales armes contre les maladies. Ces changements témoignent d'une meilleure communication des professionnels de santé autour des médicaments, voire d'une plus grande vigilance des malades.
Il y en aura toujours pour regretter l'époque où l'imaginaire collectif adulait le médecin omniscient et omnipotent. Ce temps-là est révolu, il faudra faire avec.
My banker is rich
La crise est passée par là, et pourtant 80% des français avouent ne pas comprendre grand chose à l'économie. Les agences de notation dictent leurs lois aux Etats, la crise de la dette occidentale domine l'actualité depuis de long mois, mais le monde de la finance est toujours aussi opaque pour les citoyens. Les sondages se suivent et se ressemblent. Depuis 2009, tous montrent que les français ont de grandes difficultés avec l'économie, tant sur des questions mathématiques simple (un sur deux sait combien rapporte un taux à 2% avec un avoir de 100euros) que sur les termes qui sont devenus monnaie courante dans la presse : un sur quatre sait ce qu'est une obligation. Pire, leurs difficultés à comprendre l'actualité financière s'est accrue depuis 2004 ! Il faut dire qu'il y a de quoi en perdre son latin. Depuis la crise des subprimes en 2008 aux Etats-Unis jusqu'à la crise de la dette qui secoue encore l'Europe, les économistes, spécialistes et traders de tout poils prônent tout et son contraire.
Le système éducatif détient sûrement sa part de responsabilité dans ce triste constat. Il y a peu, les sciences économiques étaient encore tout bonnement absentes des programmes jusqu'à la terminale, à l'exception de l'option Sciences Economique et Sociale en seconde, préliminaire à la filière ES. Une filière qui ne concerne que 35% des bacheliers de séries générales. Ce n'est que depuis la rentrée 2010 qu'un enseignement relatif à l'économie est obligatoire pour les élèves de seconde. Gage que la crise a eu des effets sur l'inertie politique de l'éducation nationale. Mais un volume horaire d'une heure trente hebdomadaire semble peser bien peu face au poids de la finance dans le façonnement des politiques internationales. Surtout si l'on met en regard le poids des sciences dures dans l'enseignement secondaire.
Les français avouent leurs lacunes en économie, mais ils affirment également se tenir informés. Où est le hic ? Sans doute dans les sources d'information privilégiées. Un sondage de 2010 montre que 73% citent la télévision comme principale source d'information, largement devant la presse généraliste, internet ou la presse spécialisée. Inutile, après, de s'étonner. La télévision française aussi peine à décrypter la nébuleuse financière. Les journaux télévisés, plébiscités par les français ne font que relayer les mouvements des bourses et les accords politiques en matière d'économie. Elles ne se penchent jamais sur ce qui se cache derrière les pourcentages et les chiffres du CAC40. Quant aux nombreuses émissions prétendument d'économie, elles se résument à des émissions de consommation, qui pourfendent les arnaques ou le surendettement. Toutes se contentent d'un coup d'œil à la surface, en oubliant de traiter les sujets de fond. La médiation des sciences économiques mérite sans doute plus d'égard.
Au-delà des équations et des chiffres, il s'agit surtout d'un ensemble de termes, pour la plupart tirés de l'anglais, qu'il conviendrait de vulgariser. Le Spread, les CDS... Comme pour les sciences exactes, la finance se cache derrière un vocabulaire parfois obscur qui semble couler de source pour les initiés. Certes, les mouvements économiques sont intrinsèquement liés aux décisions politiques. Mais ne serait-ce pas une raison majeure pour vulgariser ce champ méconnu des sciences ?
La science et l'occulte
Du 31 mars au 15 juillet se tient l'exposition l'Europe des Esprits au centre Paul Klee de Berne. Après Strasbourg, c'est au tour de la capitale Suisse d'accueillir cette immense exposition sur la fascination de l'occulte au XIXème siècle, à travers les arts, les lettres, et les sciences.