« Il est temps que le gouvernement canadien libère ses chercheurs » écrit Nature dans un éditorial du 1er mars 2012. Largement médiatisé cette année, le bâillonnement des scientifiques fédéraux au Canada se poursuit. Les relations des chercheurs avec les médias sont contrôlées par le gouvernement, une entrave directe au travail des journalistes et à l'information du public.

Les images de science interprètent la réalité, dans le but d'expliquer, de synthétiser les informations, mais peut être également dans le but de séduire. Réseaux neuronaux d'aspect futuriste, vue d'artistes de trous noirs digérant les étoiles, ces images trompent-elles le public ? Olivier Poncer, commissaire de l'exposition « Anatomie d'une image » et responsable de l'atelier de didactique visuelle à l'école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, nous donne son point de vue.

Parler de sciences reste encore aujourd'hui un défi. On a longtemps pensé que vulgariser revenait simplement à transmettre des connaissances. Mais cette idée est désormais largement critiquée et la prise en compte du public apparait comme une priorité. Les médias et musées le savent bien : pour intéresser le public il faut partir de ses perceptions et représentations. La science est mise en scène, tant dans les expositions que dans les images de presse. Le lecteur ou spectateur doit se sentir proche du sujet, concerné, et être acteur de son information. La science doit être belle, attrayante et novatrice.

Informer sur les sciences n'est donc pas qu'une affaire de connaissances mais bien de public. Et c'est ici que la médiation scientifique peut déraper : ne suscite-t-on pas l'intérêt du public au détriment de la qualité d'information ? Les revues fidélisent le lecteur et donnent à voir ce qu'il souhaite entendre. Les journalistes recherchent les informations les plus accrocheuses : sensationnalisme, affirmations abusives, telles sont les dérives de la profession. Au placard les sujets rébarbatifs comme les maths ou la physique. Les belles illustrations de sciences servent souvent à séduire plus qu'à informer. Ce que nous percevons de nos yeux et qui s'apparente à la réalité peut être le fruit d'une pure interprétation.

Entre séduction et éducation, qui aura raison de la médiation scientifique ? Un regard critique est de mise pour décoder les messages cachés.

Illustration : Sandra Seruch

Ce numéro hors-série est le fruit d'une collaboration entre étudiants de l'Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg et du Master Communication Scientifique de Strasbourg.

Le festival Cinémascience de Bordeaux a été créé en 2008 par le CNRS. 2011 marque une pause dans son édition avant un nouveau départ. Marie-Hélène Beauvais, ancienne déléguée générale de l'évènement, nous présente le festival et les changements à venir pour 2012.

L'exposition « Homme Femme Testez vos différences ! » présentée à l'Espace des sciences de Rennes fait preuve d'une grande originalité en sensibilisant le public au genre sexuel. Est-il vrai que les femmes n'ont pas le sens de l'orientation et que les hommes sont incapables de faire plusieurs choses en même temps ? L'exposition interactive présentée de septembre 2011 à mars 2012 à l'Espace des sciences de Rennes interroge les idées reçues. Muni d'un bracelet qui permet l'enregistrement des résultats aux « épreuves » proposées, il est possible de comparer ses performances aux valeurs moyennes des femmes et des hommes (voir la vidéo). Comme l'exprime un visiteur, « on est pas forcément totalement masculin ou totalement féminin ». L'exposition vise à sensibiliser au rôle de la biologie, mais également de l'environnement social et culturel dans la construction d'une identité masculine ou féminine, ce qui permet de tester et questionner son identité sexuelle. Alors, prêt pour le grand bouleversement ? En parallèle, des animations grand public, conférences et café des sciences sont proposés.

Cette exposition scientifique représente un exemple parmi d'autres qui abordent la sexualité de façon diverse et originale. Du « sexe dans tous ces états » qui présente la sexualité des êtres vivants, au « Zizi sexuel l'expo ! » qui sensibilise à la biologie de la reproduction et à l'éducation sexuelle, nous n'avons pas fini d'entendre parler de sexe !

Le cadre scolaire représente l'un des principaux vecteurs de sensibilisation à la sexualité. Mais l'éducation sexuelle est-elle aujourd'hui à la hauteur ?