Lorsque « l'affaire Seralini » éclate en septembre 2012, les chercheurs français travaillent déjà en secret depuis 2 ans. Leur étude prétend démontrer l'accablante toxicité du maïs OGM de la firme Monsanto. Pour l'occasion, d'innombrables photos de "rats-popcorn" boursouflés de tumeurs allant jusqu'à 25% de leur poids déferlent sur plus de cent chaînes de TV, internet et dans tous les journaux ! « Ces rats déformés et réduits à leurs tumeurs sont exhibés à titre de preuve des maux qui pourraient guetter l'homme, comme s'ils n'étaient pas affectés, malades et souffrants», dénonce alors la philosophe Florence Burgat dans Le Monde du 3 octobre.

L'étalage publique de la souffrance animale serait-il un mal nécessaire dès lors que la santé humaine est en jeu ? Pourtant, même le Gircor (Groupe interprofessionnel de réflexion et de communication sur la recherche) qui défend la nécessité de l'expérimentation animale en recherche, publie immédiatement un communiqué dans lequel il juge inacceptable l'exposition des rats à un tel niveau de souffrance. Il souligne les nombreuses infractions aux principes éthiques communément respectés en recherche animale.

La voix des associations anti-expérimentation animale est souvent la seule qui transparaît sur la scène médiatique. La nécessité de l'utilisation d'animaux en recherche est soulignée souvent en passant et les laboratoires évitent de communiquer. Le public risquerait-il de s'émouvoir sur le sort réservé à ces animaux ? A moins que celui-ci, conscient du confort que procure l'expérimentation animale (cosmétique, vaccins, médicaments constamment améliorés), suive le jeu d'une politique d'autruche ?