Parler de sciences reste encore aujourd'hui un défi. On a longtemps pensé que vulgariser revenait simplement à transmettre des connaissances. Mais cette idée est désormais largement critiquée et la prise en compte du public apparait comme une priorité. Les médias et musées le savent bien : pour intéresser le public il faut partir de ses perceptions et représentations. La science est mise en scène, tant dans les expositions que dans les images de presse. Le lecteur ou spectateur doit se sentir proche du sujet, concerné, et être acteur de son information. La science doit être belle, attrayante et novatrice.
Informer sur les sciences n'est donc pas qu'une affaire de connaissances mais bien de public. Et c'est ici que la médiation scientifique peut déraper : ne suscite-t-on pas l'intérêt du public au détriment de la qualité d'information ? Les revues fidélisent le lecteur et donnent à voir ce qu'il souhaite entendre. Les journalistes recherchent les informations les plus accrocheuses : sensationnalisme, affirmations abusives, telles sont les dérives de la profession. Au placard les sujets rébarbatifs comme les maths ou la physique. Les belles illustrations de sciences servent souvent à séduire plus qu'à informer. Ce que nous percevons de nos yeux et qui s'apparente à la réalité peut être le fruit d'une pure interprétation.
Entre séduction et éducation, qui aura raison de la médiation scientifique ? Un regard critique est de mise pour décoder les messages cachés.
Illustration : Sandra Seruch
Ce numéro hors-série est le fruit d'une collaboration entre étudiants de l'Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg et du Master Communication Scientifique de Strasbourg.