En 2015, une analyse1 des “citizen sciences” publiée dans PLOS indique que sur 490 projets de science participative menés seulement 78 ont fait l’objet d’une publication scientifique. Pourquoi la science participative ne conduit-elle pas à plus de résultats publiables ?
La réponse vient sûrement des racines des dispositifs participatifs profondément ancrées dans les sciences naturalistes. Louis XV demandait déjà à des marins de ramener graines et plantes des colonies de la couronne. Aujourd’hui encore, les projets liés à l'écologie ou à la conservation des espèces sont les plus populaires auprès des citoyens. L’objectif de ces missions participatives n’est pas forcément d’obtenir des résultats mais plutôt de sensibiliser à une démarche scientifique, de prospecter ou d’évaluer une problématique environnementale locale.
L’astronomie est le deuxième domaine exploré par la science participative. Elle s’est largement développée avec les plateformes numériques. Ces dernières peuvent compter jusqu’à plusieurs milliers de participants qui classent et analysent des millions de données. 150.000 personnes par exemple sur Galaxy Zoo qui analysent les galaxies de notre univers. Malgré tout, la science participative semble s’épanouir en dehors des systèmes de peer-review bien particulier. Elle ne cesse de croître depuis 2010 et se diversifie : les sciences sociales ou la géographie sont de plus en plus adeptes des outils participatifs.
Ces projets qui vivent à l’extérieur des circuits classiques et ciblent un aspect précis de leur discipline, sont peu visibles dans l’océan des publications scientifiques et leur impact est difficile à quantifier. On peut aussi questionner la qualité des résultats récoltés par des citoyens non formés à la rigueur scientifique. Bien que certain compte sur l’effet de groupe pour contrôler la véracité des résultats, les scientifiques doivent sûrement procéder à un nettoyage des données avant publication, peut-être au point de ne plus avoir de données du tout...
Edito : les sciences participatives
Écrit par Amandine Henckel
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