La plateforme HAL est un outil plutôt récent, que permet réellement ce type de plateforme ?
Après mon doctorat sur les techniques de l'information, les usages de l'IST (Information Scientifique et Technique) et la construction des connaissances des chercheurs en génomique, je me suis intéressé à la publication des travaux de recherche grâce à l'open access. Un outil comme Hal permet au chercheur de partager son travail sans forcément passer par une revue. Bien sûr, on peut à la fois publier dans une revue et mettre son travail sur Hal. Tout le monde peut donc le lire. La plateforme d'archives arXiv a été précurseur en la matière dans les années 1990.
Ces archives ouvertes permettent la visibilité des travaux des chercheurs. Pour les étudiants, ce sont de formidables entrepôts de textes à caractère scientifique. Il y en a environ 2500 dans le monde, chacune présentant ses spécificités. Elles sont indexées par les moteurs de recherche. Ces plateformes participent au mouvement de l'open data à savoir l'accessibilité des informations par tous. La recherche est financée en partie par les fonds publics. Il est logique le fruit de ces fonds soit partagé avec la population.
Diriez-vous que les archives ouvertes ont un impact sur la diffusion des savoirs scientifiques ?
C'est un vecteur d'information si l'on considère l'aspect technique. Mais bien sûr, c'est plus que cela ! Elles participent à la politique de valorisation des universités, des recherches de communautés savantes...Elles permettent un accès plus facile à la science. C'est un moyen de disséminer, de diffuser les connaissances scientifiques qui ont été financées par les fonds publics. Le grand public peut avoir accès à des travaux qu'il n'aurait jamais pu atteindre autrement et cela gratuitement. Par contre, cette science n'est pas vulgarisée, puisqu'il s'agit en premier lieu d'échanges entre pairs.
Pensez-vous qu'à terme les universités vont pouvoir s'abonner à moins de journaux payants ?
Je ne sais pas si on peut s'en passer ! Nous sommes dans un monopole qui progresse plutôt qu'une diversification. Il nous faudrait revenir à une publication scientifique réalisée par les sociétés savantes c'est-à-dire des groupes de scientifiques qui se réunissent pour transmettre leur savoir. Il y aurait alors moins de sociétés privées qui tirent de gros bénéfices. Pourtant, un travail éditorial est nécessaire et mérite rétribution. Les éditeurs qui effectuent correctement leur tâche en recherchant la qualité des contenus sans prendre de marges trop importantes sont des atouts. Un nouveau type de bibliothèque numérique se profile en France. « ISTEX » (Initiative d'excellence de l'Information Scientifique et Technique) a pour but de favoriser l'accès en ligne aux collections de la littérature scientifique dans toutes les disciplines. Ils négocient des licences globales. On a ainsi un abonnement au bouquet scientifique national. Il faut croire que nous ne pouvons pas encore nous passer des gros éditeurs.