Vous écrivez pour des journaux qui sont à la fois lus par le grand public et par des spécialistes. Comment vous y prenez-vous ?
Je ne veux pas que le lecteur décroche. J’adopte donc un angle précis et évite tout jargon ou terminologie difficile. Dans le même temps, je dois inclure des détails scientifiques pertinents et ne pas trop simplifier. C’est un équilibre délicat. Si j’écris pour le grand public, j’essaye d’imaginer un membre de ma famille qui n’est pas particulièrement intéressé par ce que j’écris et j’essaye d’attiser son intérêt pour le sujet.
Lorsque vous écrivez pour des journaux internationaux tels que Nature ou le New Scientist, pensez-vous au public potentiellement international qui va vous lire ou écrivez-vous comme pour un autre journal ?
Je travaille le plus souvent pour des journaux internationaux. Je veux alors intéresser le plus large panel de lecteurs possible, venant du plus grand nombre de pays possible. Dans ce cas, il faut interviewer la personne la plus compétente et la plus intéressante, quel que soit son pays d’origine. Par contre, lorsque je rédige une publication pour un journal national, j’essaye d’y inclure la vision d’un expert du pays sur un sujet plus général comme la nutrition ou autre. Je vais aussi plus souvent parler de découvertes effectuées par des scientifiques du pays concerné. J’aborde également des sujets spécifiques qui touchent les lecteurs. S’ils sont irlandais par exemple, ils seront plus intéressés par des sujets qui traitent des martres des pins, protégées en Irlande, ou de l’invasion des écureuils gris.
Selon vous, y a-t-il une différence entre la vision américaine et la vision européenne du journalisme scientifique ?
La société américaine est beaucoup plus ouverte aux contacts avec les médias et les américains parlent plus facilement de ce qu’ils ont fait. Là-bas, les scientifiques voient la communication de leur travail au public et aux médias comme un avantage. Ce n’est pas le cas pour de nombreux scientifiques européens qui voient parfois cela comme une intrusion déplacée. Mais ceci n’est que la vision des scientifiques. Du côté des éditeurs ou des journalistes, une bonne histoire reste une bonne histoire et je suis sûr que c’est également le cas du côté du lecteur.
Que pensez-vous du fait que des articles du New Scientist soient traduits dans différents pays comme en France dans le magazine “Le monde des Sciences”?
La France n’a pas forcément besoin de ces traductions. Il vaut mieux qu’elle mette en valeur sa propre collection de magazines. Lorsqu’un français s’intéresse à une question scientifique particulière, il aimerait certainement lire ce qu’un chercheur français pense à ce sujet, particulièrement si cela touche aux politiques publiques. Et c’est souvent le cas. Au final, je pense que c’est au public français ou d’un autre pays de décider lui-même de ce qu’il va lire.