Les licences interdisciplinaires sont menacées par la loi Fioraso. Bien qu’elles soient prisées par les étudiants qui ne veulent pas se spécialiser trop rapidement, ces mentions risquent de disparaître de l’offre universitaire. Elles sont peu comprises des bacheliers et des recruteurs. L’interdisciplinarité est également accusée de faire des approximations ou d’avoir une vision trop globale d’un problème.
Le lien entre différentes disciplines existe depuis longtemps. L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert est sans doute l’aboutissement le plus représentatif de l’interdisciplinarité des Lumières. Les chercheurs de toutes les disciplines y ont contribué. Pourtant aujourd’hui les chercheurs semblent cloisonnés dans leur discipline. Comme l’explique Edgar Morin sociologue et philosophe français « une discipline tend naturellement à l'autonomie, par la délimitation de ses frontières, le langage qu'elle se constitue, les techniques qu'elle est amenée à élaborer ou à utiliser ».
Des actions sont mises en place pour établir des liens entre plusieurs disciplines. Le CNRS organise chaque année un Symposium « Frontières de la Science » où se réunissent des scientifiques de différentes disciplines et pays pour débattre sur des thèmes novateurs. Des subventions comme le Human Frontier Science Program sont accordées à des équipes pluridisciplinaires « pour répondre à des questions qui ne pourraient pas être résolues par des laboratoires individuels ».
En France il y a donc deux poids, deux mesures. D’un côté les chercheurs sont encouragés à développer des liens avec d’autres disciplines et de l’autre les étudiants – potentiellement futurs chercheurs – n’ont pas la possibilité d’exploiter cette interdisciplinarité dans leurs études. Les savoirs peuvent-ils tous être fusionnés au nom d’une recherche, d’un intérêt commun ?